LE VIEIL HOMME ET LA MER
Contribution La Griffe Lorraine
Rubrique Coups de coeur
Le poisson avait choisi de rester dans les eaux profondes, dans le noir, loin des hameçons, loin des traitres.
Intérêt général de l’ouvrage: ▲▲▲▲▲
Recommandation de lecture: ▲▲▲▲▲
Facilité de lecture: ▲▲▲▲▲
Rapport avec le rite: ▲▲▲
Et si on se payait une petite nostalgie en relisant ce qu’on appelle un bon bouquin, une valeur sûre, une histoire simple ? Tout a été dit sur « le vieil homme et la mer », la condition humaine, le courage, l’amour des êtres et des choses. Reste donc le plaisir de se laisser porter par cette mer calme et la confrontation entre un vieux pêcheur et « sa » prise : un espadon gigantesque, confrontation respectueuse, amoureuse, chevaleresque. Je ne me souvenais plus que le vieux se parlait tout le temps. Quand on se parle à soi-même, de qui en fait parle-t-on ? De ces pensées qui tournent comme le poisson fatigué qui cercle, est-on seul quand on est au centre du monde ? « Je suis allé trop loin » ne cesse de regretter le vieux, « moitié de poisson, écoute, ça nous a perdus tous les deux ». Pas sûr… Je ne me souvenais plus de l’amitié profonde, filiale, entre le gamin et le vieil homme. Elle fait tenir l’ancien, une bouffée de jeunesse sur sa carcasse : « je voudrais que le gosse soit là ». Mais la jeunesse passe et le temps est un requin emportant les morceaux de votre vie. Et nous, qu’est ce qui nous dévore ? Je ne me souvenais plus de l’idée : « Le poisson a l’air tranquille, mais qu’est ce que c’est son idée ? et mon idée à moi, qu’est-ce que c’est ? C’est d’inventer quelque chose d’après son idée à lui » Ça rapproche les êtres, l’idée, comme la ligne tendue à craquer qui les relie. Un rien et c’est fini. Il faut en prendre soin et veiller des jours et des nuits, et l’idée alors vous tire « jusqu’à la fatigue des os ».
Puis revenir ensuite, de concert, le poisson lié au plat bord, « sa gueule coincée et sa queue bien droite, nous deux le poisson, on navigue en frères. Il se demandait, c’est-y lui qui me ramène ou c’est-y moi ? »
Lequel est la barque de l’autre ?
Roman sobre, où il n’y a rien de trop, et où rien n’est perdu.