MARCHER EST MA PLUS BELLE FAÇON DE VIVRE – NOTES EPARSES
Contribution La Griffe Midi-Pyrénées
Rubrique Coups de coeur
Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲△△
Facilité de lecture ▲▲▲△△
Rapport avec le rite △△△△△
Le recours au silence motivant la création, à la manière du poète magnifique James Sacré, une des voix les plus convaincantes de notre époque enivrée de bruits et de fureur (pour reprendre le langage de Char), la voix de Joël Vernet, l’emprunte comme un passage obligé.
Et au-dessus du vacarme qui règne sans partage dans tous les domaines, y compris celui, fragile, de la poésie où les fiers-à-bras veulent aussi mener la danse de leurs vociférations, il est cette oasis qui étanche notre soif, à nous lecteurs asséchés par tous les faux-semblants.
J’ai dû arrêter un temps la lecture de cet ouvrage pour ne pas être terrassé par un sentiment de fusion avec le texte. Je n’avais éprouvé pareil vertige qu’avec le « Livre de l’intranquillité » de Pessoa. Car c’est à ce niveau de génie que se situe le très discret Joël Vernet.
Le temps n’est plus à dénoncer ceux qui ont éteint l’incendie de l’amour courtois allumé voici plus de sept siècles par nos troubadours prophètes. Il est à souffler sur les braises avec Joël Vernet. Avec l’attente et la simplicité.
Oui, pour Joël Vernet il « nous manque le plus simple que nous avons relègué aux oubliettes ».
Le plus simple est de vivre comme lui : d’instinct et d’écrire, de souffrance et de joie. Et de voyager pour ne plus douter que « la douleur est dans chaque maison ».
C’est l’expérience de cette vie d’errance et de solitude mais aussi d’amitié́ et de fraternité qui va fonder « L’homme désaffecté », recueil de textes courts et d’aphorismes, puissants comme ceux de Char, mais eux, immédiatement perceptibles. La simplicité ! Oui, Joël Vernet réussit l’impossible simplicité.
Et l’on frémit de ces fulgurances transies de vérité éprouvée : « Celui qui n’attend plus rien, recevra. Celui qui prend, perdra tout. Même ce qui ne lui appartient pas » ; « La solitude : ton gagne-pain. Cet état dont personne ne veut. Vivre avec la pluie, toutes ces larmes en soi ».
La simplicité appelle l’enfance : « c’est cela l’enfance […] Dans le monde, oui, mais juste à coté́, sur ses marches, sur ses marges. C’est là, en effet, que j’écris aujourd’hui, dans cet écart nécessaire, entre le soleil et sa brûlure sur ma peau ».
Se tenir à distance, « ce fut ainsi ma vie » révèle le poète.