Contribution La Griffe Lorraine

Rubrique Coups de coeur

Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲▲

Facilité de lecture ▲▲▲▲▲

Rapport avec le rite △△△△△

Le titre est évidemment une vacherie.

Comment se sortir de la guerre d’Indochine (de 1950, Cao Bang, au camp retranché de Diên Biên Phu en 1953), la tête haute quand on a les pieds dans la boue et les mains pas très propres ?

Tâche pas si malaisée : Il suffit de recouvrir les valeurs du profit (l’esclavage, la hiérarchie du blanc, l’intéressement au capital d’entreprises minières, ou plantations d’hévéa, ou banque d’Indochine) par le poids bien plus lourd des mots : « nos » soldats, indépendance, France éternelle, dignité nationale ... Un langage dont usent si bien une Chambre carriériste, des présidents de Conseil arrondis, quelques grandes familles à pré-carré visant l’Académie qu’elle soit littéraire ou de médecine, et bien sûr généraux et experts incompétents.

L’auteur ne rapporte pas la grande Histoire, non, il en décortique les petites vilénies, les malices et lassitudes des uns succédant aux effets de manche des autres, brefs les petits calculs et les rentes à vie de ces « Charlemagne de bureaux de tabac ».

Revenons aux choses sérieuses : La guerre coute cher. Les bancs de l’Assemblée en « chonchonnent ». Ne pourrait-on faire autant en dépensant moins ? Revoir à la baisse ?

Rares furent ceux qui, dans cette mise en scène, parlèrent de vérité face au pouvoir des Sociétés Anonymes. Monsieur Juge, monsieur Djemad, député Kabyle communiste, Monsieur Mauriac, monsieur Mendès-France, sentinelle morale qui dès 1950 parla de négociations. Mais « la pièce de théâtre restera à l’affiche encore quatre ans ».

Il fallait, en effet, reconquérir l’Indochine avant de la quitter, relancer la guerre pour en finir. Cette tache fut confiée en 1953 au général Navarre nommé « pour trouver une solution introuvable à un poste dont personne ne voulait ». De Castries reçut le commandement du camp retranché dans la cuvette brouillardeuse de Diên Biên Phu, peu à peu encerclée, et rêvant, du fond de ce pot de chambre d’argile grise, à la cavalerie d’autrefois.

Il faut se méfier des formules toutes faites. Elles cautionnent la condescendance des « familles » de tous poils et dénient non seulement le courage, mais surtout obèrent l‘avenir.

Il nous faut, une bonne fois pour toutes voir l’œil du cyclone, afin de mieux le combattre et s’en éloigner.

Les millions de morts de cette guerre et ce livre formidable nous y engagent.

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