AVANT QUE LE MONDE NE SE REFERME

Contribution La Griffe Lorraine

Rubrique Coups de coeur

Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲▲

Facilité de lecture ▲▲▲▲▲

Rapport avec le rite ▲▲△△△

Tzigane aux semelles de vent, Anton murmure à l'oreille des chevaux sous le petit chapiteau bleu et rouge de la « kumpania » qui donne ses spectacles de villes en villages dans toute l'Europe de l'ouest. Mais le monde tourne et va vers le pire : Anton passe de la roulotte paternelle et de l'amour des siens, des grands espaces et de la liberté à l'enfer du ghetto et des camps de concentration, de « l'engloutissement » à « la dévoration » silencieuse de son peuple. Seul survivant, il porte en lui la lourde mémoire de tous ceux morts dans la tourmente du génocide nazi. Il est accompagné dans cette épopée par une poignée de personnages clés qui vont l'aider à accomplir son destin : donner une sépulture à tous ceux qui hantent son âme et faire triompher la vie : « l'amour est plus fort que la mort ». Le chemin pour oublier la folie des hommes nous emmène à travers les Etats Unis, l'Europe et l'Asie, mais au bout, il y a la liberté, l'apaisement.

Conte ou chant, ce récit m’a emportée de la pire des barbaries à la liberté retrouvée, dans une chevauchée effrénée, ensorcelante, macabre souvent, mais aussi solaire et poétique.

Avec Alain Mascaro, j'ai tremblé devant la folie des hommes, j’ai vibré avec les âmes lumineuses du roman et voyagé dans les traditions et la sagesse Tzigane.

Peut-être trouverez-vous qu'Anton n'est guère maître de son destin ? Certes, il s'abandonne sans révolte apparente à son fatum, mais il ne le subit pas, il l'assume. Il endure et affronte ses fantômes, aidé par un entourage bienveillant et tutélaire.  Son devoir est consenti.

Voilà un bel hommage au peuple tzigane, une ode sans concession à la liberté, mais gardons-nous d'un « happy end » candide. Entre conflits perpétuels et meurtriers, macadamisation et bétonisation à outrance, consumérisme et autres plaies du siècle, notre monde passe son temps à se refermer sur les fils du vent.

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