Contribution La Griffe Lorraine

Rubrique Coups de coeur

Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲▲

Facilité de lecture ▲▲△△△

Rapport avec le rite ▲△△△△

Un petit retour dans l'enfance heureuse, douce nostalgie garantie. Alphonse Daudet lorsqu'il voyait se gonfler les voiles du moulin de Fontvielle n'avait qu'à sentir les parfums de sa Provence, portés par l'accent chantant, et chargés des essences odorantes de la garrigue. Ce souffle a baigné mes jeunes années, et me racontait de si belles histoires. Alors, j'ai réouvert les pages de ces lettres, publiées intégralement en un livre pour la première fois en 1873.
Je me suis installé dans le moulin où Daudet ne vint jamais, redécouvrant avec merveille les troupeaux et la musique de leurs pas. J'ai retrouvé ce bon curé de Cucugnan, le Père Bourras, j'ai bu avec délice l'élixir du Père Gaucher, j'ai pleuré à la mort de la petite chèvre de Monsieur Seguin, j'ai suivi l'office des trois messes basses, célébré par don Balaguère, condamné par sa gourmandise à trois siècles de pénitence. Ah, si le Sous-Préfet avait bien voulu intervenir, sans doute le tentateur de Balaguère aurait été condamné. Et puis la nuit de Noël tout devrait être pardonné...

Vingt-cinq lettres toutes aussi plaisantes à déguster. On accusa Daudet de plagiat pour nombre de ces lettres, mais il leur donna un ton, une faconde, un sourire inimitable. Le faussaire dépassa les maîtres.

On reprocha à Daudet son antisémitisme virulent, ses positions anti-dreyfusardes, son conservatisme outrancier. Certes, mais sa plume se fit si chantante et parfois moqueuse, qu'on ne saurait ici mélanger politique et littérature. On l'accusa même d'anti méridionalisme ce qui est plus que discutable. Il s'éteignit victime de la syphillis, ce qui ajouta à sa légende noire, lui qui fit entrer la lumière incomparable de la Provence dans ses lettres. Et comment en vouloir à l'auteur du Petit Chose et de l'Arlésienne ? A lire ou relire, à déguster sans modération. Et tant pis pour la chèvre qui s'est fait boulotter par le loup.

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