CEUX QUI PARTENT
Contribution La Griffe Lorraine
Rubrique Coups de coeur
Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲△
Facilité de lecture ▲▲▲▲▲
Rapport avec le rite ▲▲△△△
1910, une journée et une nuit à Ellis Island, île d’accueil, de transit et de sélection des émigrés avant leur entrée aux États-Unis, dont les portes commencent à se refermer : Dans ce récit d'une douloureuse actualité, Jeanne Benameur radiographie les moteurs du départ et les sentiments puissants qui se livrent bataille dans le cœurs et l'esprit de ceux qui partent.
Qui sont-ils ces candidats à l'exil ? Il y a ceux qui viennent du bout du monde pour se construire un avenir meilleur, fuir la barbarie ou tenter de guérir d'un grand chagrin. Il y a ceux qui sont arrivés depuis longtemps, qui ont tiré un trait sur leur passé, veulent l'oublier ou le dissimuler et ceux qui sont à la recherche de leurs racines ou de leur futur. Chacun vit son exil à sa façon, mais tous accouchent d'une nouvelle vie, tous sont en quête de leur être intime, de leur vérité, de leur liberté. Ils ont un commun la formule de Nietzsche « Deviens ce que tu es, fais ce que toi seul peut faire. ».
Chaque personnage joue sa partition pour exprimer sa déchirure. Entre espoir et doute, mais toujours avec détermination, chacun va donner une nouvelle couleur à sa vie qui passe par la littérature, la musique, la mode, la peinture, le photographie...
Jeanne Benameur nous amène à poser un regard nouveau sur l'émigration, à nous interroger sur la notion de langue, d’exil, de départ volontaire pour s'émanciper, s'épanouir. Émigrer, c'est laisser des gens qu'on aime, une terre et une vie où l'on ne retournera pas, une langue qui va devenir étrangère, mais émigrer, c'est espérer.
Ce livre intense, véritable poème en prose avec une écriture sensuelle et imagée, est un maelstrom d'émotions et une leçon d'humanisme. Un beau regard porté sur l'autre.