LA GLOIRE DE MON PERE

Contribution La Griffe Lorraine

Rubrique Coups de cœur.

Une belle leçon de philosophie à peine voilée, dans les collines et la garrigue.

Intérêt général de l’ouvrage: ▲▲▲▲▲

Recommandation de lecture: ▲▲▲▲▲

Facilité de lecture: ▲▲▲▲▲

Rapport avec le rite:▲▲

De passage à Marseille, je ne manquai pas de suivre les pas du petit Pagnol accompagné de sa tante au parc Borely. La Gloire de mon père de Pagnol me servit de guide et je croyais voir a détour de chaque massif d'arbustes de Provence, celui qui deviendrait l'oncle Jules. Les lignes de Pagnol chantaient dans ma tête comme autant de paroles si simples et poétiques. Oh, pas une de ces poésies tremblotantes qui à force de vouloir paraître du plus bel effet finissent en un brouet de terminaisons artificielles. Non des mots ordinaires dictés par l'émotion des souvenirs d'un enfant qui se révélera être, à mon sens, une des gloires de la littérature française, le héraut de la Provence.

Alors je refis en pensée le chemin qui mène à la maison de campagne dans les collines à la Bastide neuve proches pour y entendre l'oncle Jules, catholique, et Joseph Pagnol, instituteur, hussard de la République discuter ensemble de leurs convictions, le tout dans la bonne humeur avec une pointe de sel et d'humour, échanges vifs et courtois qui s'achevaient par les sourires des jeunes épouses et les projets de deux hommes pour le lendemain. Quelle leçon que nous donne là Pagnol ! L'idéologie balayée par l'amour et le retour vers une nature enchanteresse qui dispense sa beauté et fait souffler l'esprit de concorde. La partie de chasse et sa préparation sont un des sommets de l'esprit provençal, qui culmine avec le coup du roi des deux bartavelles tombées en plein sous le fusil de Joseph. Joseph, le rigoriste, l'homme qui se veut droit et qui reste irréprochable, qui se moque d'un pêcheur qui se fit photographier avec un poisson, cède à la tentation. Le curé du village de la Treille témoigne de l’exploit avec une plaque photographique. Ironie du sort, l'instit athée est immortalisé par un curé ! Cette aventure racontée avec tant de simplicité, dans un air embaumé par   les essences enivrantes des plantes de la garrigue vaudra à Marcel Pagnol un des plus beaux traits d'humanité sur l'amour d'un fils pour son père : « J’avais surpris mon cher surhomme en flagrant délit d'humanité: «je sentis que je l'en aimais davantage. Alors, je chantai la farandole, et je me mis à danser au soleil ».

Freud peut aller se rhabiller. Marcel n'a pas eu besoin de tuer papa.

 

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