Contribution La Griffe Lorraine

Rubrique Coups de cœur.

On y a vu un récit allégorique. Mais allégorique de quoi ?

Intérêt général de l’ouvrage: ▲▲▲▲▲

Recommandation de lecture: ▲▲▲▲▲

Facilité de lecture: ▲▲▲▲▲

Rapport avec le rite:▲▲

Qui n'a pas entendu parler de ce chef d'œuvre de la littérature ? Bien sûr peu de Maçons, je suppose. Avoir entendu c'est bien, lire c'est mieux. C'est même indispensable Je n'entrerai pas dans le détail de ce roman qui se déroule à Oran dans les années quarante et qui décrit l'apparition d'une épidémie de peste. Le roman fut unanimement salué par la critique. Il se lit comme un livre à suspense, et de multiples personnages sont les témoins et acteurs. La narration est progressive, comme l'épidémie qu'elle suit pas à pas, signes avant-coureurs, signes perceptibles, puis palpables et bientôt accablants. On y a vu un récit allégorique. Mais allégorique de quoi ? S'en suivirent toutes sortes de débats entre tenants et opposants de telle ou telle interprétation. La plus courante fut celle de l'idéologie nazie, ou l'occupation en France ou la pression exercée par le régime collaborationniste de Vichy.  Sartre n'aura pas de mots assez durs pour s'élever contre ces allégories microbiennes germanophobes.  Le pauvre Sartre empêtré dans son rationalisme existentiel se tourne en ridicule. Une autre analyse y voit une allusion à la Shoah. D'autres pensent à la guerre civile d'Espagne...
C'est la grande force de ce roman, se prêtant à toutes sortes d'interprétations. Il interroge plus qu'il ne répond. De fait l'allégorie est beaucoup plus générale. Camus décrit dans ses lignes la montée progressive de tout fléau, qu'il soit humain comme les régimes dictatoriaux, le développement des calomnies, des manipulations mentales, l'intolérance, les racismes, les idéologies dogmatiques, toutes sans exceptions. Ces fléaux peuvent être naturels comme une épidémie, un tremblement de terre etc. C'est pourquoi tant de thèses furent développées. Elles ne sont pas concurrentes, mais complémentaires et partielles. D'ailleurs la clé nous est donné dans l'avant dernière page du roman, où un des personnages, le docteur Bernard Durieux, est identifié à l'auteur de la « chronique » qu'il dit avoir écrite « pour dire simplement ce qu'on apprend au milieu des fléaux, qu'il y a dans les hommes plus de choses à admirer que de choses à mépriser. »

Oui, la résilience, l'espérance, la foi et la charité demeurent les plus grandes armes contre l'adversité. Et chacun montre alors sa vraie nature, mauvaise ou bonne. Il était donc nécessaire qu'un grand nombre de personnages animent ce roman.

 

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