LE TOUR DU MONDE DU ROI ZIBELINE

Contribution La Griffe Lorraine

Rubrique Hors-Normes

Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲△

Facilité de lecture ▲▲▲▲▲

Rapport avec le rite ▲△△△△

Rufin, comme à son habitude, parvient à captiver son lecteur grâce à une écriture fine, fluide, presque incolore oserais-je dire, mais c’est pour la bonne cause, le contenu prend le pas sur la forme littéraire et l’auteur masque son ego de grand lettré. Cela aurait fortement déplu à Céline qui lui aurait bien appliqué sa formule : « C'est rare un style... Un style, il y en a un, deux ou trois par génération. Il y a des milliers d'écrivains, ce sont des pauvres cafouilleux, des aptères. Ils rampent dans les phrases. Ils répètent ce que les autres disent et n'affirment rien… ils prennent une bonne histoire, ce n’est pas intéressant… C'est inintéressant. » Et pourtant…

Le Tour du monde du roi Zibeline est l’aventure d’un Hongrois du XVIIIe siècle qui va sillonner le monde d’aventures rocambolesques, en catastrophes extraordinaires, de la Sibérie au Japon, de Paris à Taïwan pour devenir roi de Madagascar...

L’auteur prend un malin plaisir à nous promener dans tous ces pays lointains et civilisations étonnantes, grand voyageur lui-même, on ne peut s’empêcher de penser que l’ancien ambassadeur aurait bien délaissé les salons cossus pour être un « vrai » aventurier. C’est peut-être ce « fantasme » qui lui donne autant de joie à décrire et détailler les lieux, les atmosphères, sans être pesant sur l’histoire qui se déroule à une vitesse extraordinaire. Le lecteur perd la notion du temps, se perd en géographie et reste malgré tout accroché à la palpitante histoire que vit, subit et provoque le jeune héros.

Le contexte historique aurait mérité une belle analyse sur le « soi-disant » siècle des Lumières, où l’hypocrisie et la couardise se mêlent aux histoires d’argent, de statut social, de royauté et de pouvoir, mais ce n’était pas le propos du livre.

À lire avec grand plaisir, pas pour le style, mais avec et étonnement lorsque l’on songe que c’est une histoire vraie, une histoire qui dépasse le roman.