TOUT DESPROGES
Contribution La Griffe Lorraine
Rubrique Hors-Normes
Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲▲
Facilité de lecture ▲▲▲△△
Rapport avec le rite ▲▲△△△
Tout le monde connaît Desproges, beaucoup d’humoristes actuels osent revendiquer une filiation avec ce « grand » homme. Je pense qu’il serait temps de pénaliser ces clowns de pacotilles blasphématoires. Il n’y a eu qu’un seul Desproges, parti bien trop tôt et qui ne sera pas remplacé. Outre le talent, la haute idée et l’exigence d’écriture, Desproges était surtout un scrutateur formidable de notre société, il savait repérer les rouages et les salauds, et il le disait.
Cet ouvrage reprend tous les textes de Desproges, un véritable pavé difficile à lire par le poids, mais tellement extraordinaire par la clairvoyance, au-delà de l’humour quelques fois potache, le portrait en creux de l’ossature de la société française est impitoyable. Le plus étonnant est que tous les travers dénoncés par Desproges se sont amplifiés et que son œuvre n’est pas périmée.
Quel bonheur ce serait d’avoir actuellement un Desproges pour démonter publiquement ce wokisme turpide, l’antisémitisme au retour affirmé, tous les extrémistes, toutes les idioties médiatiques. Non seulement Desproges était un humoriste exceptionnel, mais sa haute idée de la littérature lui imposait de s’exprimer avec élégance ! Dans les années 80, la vulgarité ornée de grossièreté était de mise, maintenant c’est un langage banlieusard orné de lieux communs, entièrement égocentré et on tutoie le public pour simuler une proximité. Écœurant !
L’élégance du langage de Desproges permet les outrances, les provocations, les outrages à la bienséance, mais ce n’est jamais gratuit ! Le fond prime sur la forme, et c’est cela qu’il faut lire entre les lignes.
Dans sa virulence contre la bêtise, il n’hésitait pas à s’en prendre directement aux acteurs qui mutilent notre société :
« De deux choses l'une : ou bien Jacques Séguéla est un con, et ça m'étonnerait tout de même un peu, ou bien Jacques Séguéla n'est pas un con, et ça m'étonnerait quand même beaucoup. » Extrait du Tribunal des flagrants délires » sur France Inter à l’époque où ce n’était pas encore une radio fasciste et collaborationniste, Desproges avait fait sa plaidoirie face à Séguéla, pas caché derrière un écran ou un micro. Il faut beaucoup de talent pour insulter poliment l’artisan de « la force tranquille ».
Desproges avait ce talent extraordinaire d’allier l’argument et l’humour, le fond et la forme. Il nous manque terriblement.