Contribution La Griffe Île de France

Rubrique Hors-Normes

Un groupe de penseurs contemporains se penche avec bonheur sur le concept de silence.

Recommandation de lecture: ▲▲▲▲▲

Intérêt général de l’ouvrage:▲▲▲▲▲

Facilité de lecture:▲ ▲▲

Rapport avec le rite: ▲ ▲ ▲

Stéphane Breton commence fort en ouvrant son préambule par une citation du grand penseur taoïste Lao-Tseu qui écrit : « La plus grande révélation est le silence ». Il prend ainsi le risque de nous voir rire aux éclats ou à minima de sourire finement : en effet, comment réunir 11 grands intellectuels français actuels pour les faire disserter sur le silence, alors que par essence, l'intellectualisme est plutôt porté sur le bavardage, certains diraient la « tchatche » ! Mais, mon mauvais esprit est battu en brèche : c'est un excellent livre qui nous est offert là, où il est proposé de croiser les regards de penseurs actuels sur le silence. Ce silence comme écho, résonance et correspondance avec l'autre. Le silence parle, soupire, menace ou tranquillise. Il est une écoute au plus près de l'intime de l'être, comme Maurice Maeterlinck l'écrit : « Dès que nous avons quelque chose à nous dire, nous sommes obligés de nous taire » ! le silence précède la création dans de nombreuses cultures, notamment asiatiques, et y retourne comme destination finale après que la parole a exercé une brève œuvre de création sur le terrain instable de la vacuité. Jankélévitch, écrit dans son très bel ouvrage « La musique et l'ineffable » que la puissance de la musique se dévoile quand elle s'aventure sur le terrain silencieux de l'ineffable. Bien entendu, il peut y avoir deux acceptations au silence : un silence de quiétude où l'esprit en possession de soi, se repose dans une sorte d'idéal du lâcher-prise, et un autre silence de l'inquiétude, ou l'esprit se perd dans le néant creusé par une conscience troublée.

Jean Allouch, Daniel Sibony, Roland Gori, pour ne citer qu'eux, vont nous conduire à la culture du silence, ne serait-ce que pour entendre une autre parole que la nôtre et éviter la fameuse remarque de ce bon vieux William Shakespeare : « Much ado about nothing », « Beaucoup de bruit pour rien !»

Et nous, Maçons, amoureux de la réflexion et de la rencontre où l'on entend l'autre sans seulement l'écouter, si nous risquions un prologue où il serait dit : « Au commencement était le silence » ?!

 

 

 

 

 

 

 

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