Mea Culpa
Contribution La Griffe Lorraine
Rubrique Hors-Normes
Recyclage de spectacle, chroniques de la hyène ordinaire ?
Recommandation de lecture: ▲ ▲ ▲ ▲
Intérêt général de l’ouvrage: ▲ ▲ ▲
Facilité de lecture:▲▲▲▲▲
Rapport avec le rite: ▲
Ce cher Gaspard Proust produit un ouvrage qui ressemble plus à du recyclage qu’à une création littéraire. Quand on a un nom prestigieux, autant en faire un potentiel de vente.
Ayant adoré son dernier spectacle, je m’attendais à une « suite » littéraire. Pas vraiment.
J’ai la sensation qu’il a mêlé dans cet ouvrage : des textes écrits pour la scène, mais qui ont disparu de son spectacle, il a fait les poubelles… ; Des textes issus de réactions à l’actualité post-spectacle, et ce que les artistes appellent des « ménages ». Bref, il a recyclé. Pour un type qui tape en permanence sur les écologistes, et avec raison, c’est paradoxal.
Je n’ai pas d’avis précis sur l’homme, je ne le connais pas et je n’ai aucune envie de l’aimer. J’adore son humour décalé et sa façon de prendre à contre-pied toutes les idéologies. C’est le seul francophone à tout oser, avec suffisamment d’esprit pour écrire sans s’appuyer lourdement sur l’actualité. (Lorsqu’il est chroniqueur, c’est une autre approche). Entre son imagination, sa facilité à dérouler des instants de vie plausibles, son intelligence, sa pertinence, sa causticité et sa férocité, il pourrait être celui qui s’approche le plus de l’immense Desproges. C’est cette manière de percevoir les faits au-delà de l’apparence médiatique et cette étonnante décontraction, distance, avec le public, pas de séduction apparente, bien au contraire qui les rapprochent. Cette lucidité et cette misanthropie éclatante… et fausse, en font un descendant du plus célèbre avocat de la défense de la regrettée radio publique France Inter, à l’époque où c’était encore une radio libre.
J’aime le style corrosif de la pensée de Proust, Gaspard bien sûr, pas le maladif au temps perdu, mais contrairement aux critiques que j’ai pu voir partout, son écriture est pesante. Ce livre est écrit comme son spectacle, on a l’impression de l’entendre, sauf qu’en lecture, c’est pénible.
Là, s’achève la comparaison avec Desproges qui reste, de très loin, le patron de l’écriture élégante.
À lire tout de même, pour garder l’esprit affûté et percevoir une once de vérité derrière le brouillard politique et la brume médiatique.