LE PAPE DES ESCARGOTS
Contribution La Griffe Midi-Pyrénées
Rubrique Hors-Normes
Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲△
Facilité de lecture ▲▲▲▲▲
Rapport avec le rite ▲△△△△
La Gazette, c’est le surnom donné par les paysans bourguignons accueillants à ce chemineau pas tout à fait comme les autres. Il court les chemins portant dans les fermes les nouvelles glanées dans les lieux visités au cours de ses pérégrinations.
On parlerait aujourd’hui de vagabond (s’il en existe encore dans notre monde formaté) à cette différence près qu’un vagabond n’a pas de destination précise, ce qui n’est pas le cas de La Gazette. Loin s’en faut. Appuyé sur sa verge d’Aaron, son bâton en forme de crosse épiscopale, tout en cheminant il chante des psaumes, tantôt en latin, tantôt dans une langue mystérieuse.
Et, hormis les granges où il dort, ses destinations sont bien précises : tous les sites celtiques bourguignons, qu’ils soient connus comme tels, ou cachés sous les constructions de l’Eglise de Rome conquérante. Cette Eglise qu’il accuse d’avoir étouffé, au nom de Dieu, le sens du sacré ici-bas. Lui, il affirme être le Grand Druide survivant. Depuis des milliers d’années, il est en quête d’un successeur digne de devenir, à son tour, le gardien des secrets du monde. Contre toute rationalité, le plus étonnant c’est qu’on soit parfois tenté de le croire ! Et s’il se dit lui-même Pape des escargots, je vous laisse le soin de découvrir vous-même la raison de ce titre plutôt surprenant pour un prélat, fut-il gaulois.
Tel est le personnage clé. Reste maintenant l’histoire. C’est à Henri Vincenot qu’il revient de vous accompagner sur le parcours initiatique de Gilbert, ce jeune sculpteur intuitif et surdoué que le Pape des escargots à jugé apte à lui succéder. Alors, dans notre monde dominé par l’argent, les académismes stériles, les menteurs de tout poil, les aigrefins à langue de bois et gueule de brochet, Gilbert aura fort à faire pour affronter les épreuves de son chemin. Mais il est un personnage lumineux que sa simplicité et sa sincérité protègeront, parfois in-extremis, contre toutes sortes de pièges. Sauf un…
Mais pourquoi donc l’éditeur a-t-il choisi pour illustration de couverture (Folio n° 1474) une œuvre de Caillebote intitulée La Sieste ? Ce n’est pourtant vraiment pas le sujet ! Pourquoi, aussi, une intelligentsia prétentieuse a-t-elle doctement classé ce roman parmi les œuvres régionalistes (pour ne pas dire carrément folkloristes) de Vincenot ?
Il faut croire que ces gens-là n’aiment pas les belles histoires quand elles bousculent leurs certitudes profanes. Moi, si…