COCHON DE LAIT
Contribution La Griffe Lorraine
Rubrique Hors-Normes
Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲△△
Facilité de lecture ▲▲▲▲▲
Rapport avec le rite ▲△△△△
Philippe Conticini créateur de la « Pâtisserie des rêves » où j’ai eu la chance de croquer du pur bonheur sucré, a écrit sa biographie.
Sa vie ne ressemble pas au conte de fées que je pouvais imaginer, ni classique, ni originale, mais plutôt un parcours névrotique, chaotique, sous l’emprise du trouble alimentaire compensateur de la trop grande absence maternelle, du rejet paternel et de l’emprise du frère ainé.
Loin de toute psychologie de comptoir, il faut bien admettre que les parents et le grand frère ont eu raison de la santé de Philippe.
Et pourtant, c’est aussi ce traumatisme et ce refuge gustatif qui vont faire de lui un expert hors normes de la sensualité, un artiste des papilles, dévorant et mémorisant toutes les saveurs, sans aucune limite.
Son frère a un talent tout aussi exceptionnel, mais il « écrase » son petit frère. Pourtant c’est une côte de cochon de lait divine, recette mise au point par l’ainé qui fera basculer Philippe Conticini. Ce goût, cette texture le bouleverse totalement et il vît ce qu’Onfray appelle un « hapax existentiel », c’est-à-dire une expérience digne de modifier le fil d’une existence.
Conticini se lance et devient incontournable, il est le créateur de la « verrine » que l’on retrouve maintenant partout sur nos tables et chez les traiteurs, il adapte les techniques culinaires pour transgresser les techniques pâtissières très codifiées. Cette libération lui permet de s’épanouir totalement et de créer un monde à lui, une protection autant qu’une grande respiration.
Son œuvre, que ce soit les gâteaux revisités ou les créations pures illustrent le traumatisme, le manque et le refuge de son enfance, elles crient leur violence par un goût redoutable, offensif et subtil à la fois, des textures et des alliances que personne n’a osées avant lui.
Gouter une pâtisserie de Conticini est une expérience proche du divin, seul le résultat compte, aucune barrière idéologique, aucune barricade intellectuelle, aucune limite corporative.
De véritables morceaux de liberté autant que de gourmandise et cette autobiographie raconte comment, avec volonté et travail on peut sortir grand vainqueur d’un destin suicidaire.