ANARCHIE ET CHRISTIANISME

Contribution La Griffe Lorraine

Rubrique Hors-Normes

Intérêt général de l’ouvrage ▲▲△△△

Facilité de lecture ▲▲▲△△

Rapport avec le rite ▲▲△△△

L’anarchisme chrétien met en avant l’enseignement de Jésus de Nazareth ; j’entrevoyais quelques points communs et j’avais envie d’approfondir cela avec un spécialiste. J’ai acheté cet ouvrage par curiosité, pour creuser un rapprochement frontal entre deux concepts différents : d’une part, une religion, une église qui depuis 2000 ans a façonné une grande partie du paysage de notre civilisation et, d’autre part, une idéologie, un concept social, politique formaté et conceptualisé au 19e siècle par Proudhon, Bakounine et d’autres.

Autant vous le dire tout de suite, c’est un livre enthousiasmant, mais il ne m’a pas converti. Malgré de nombreux arguments pertinents, une érudition certaine de Jacques Ellul, philosophe et théologien (travail universitaire voire quelquefois scolaire), le texte ne réussit pas, à mon sens, à « marier » la carpe et le lapin malgré quelques habilités ou tours de passe-passe, et Jésus n’est pas le Christ.

Peut-être aurait-il fallu passer par un athanor moins cartésien. Il me semble que l’auteur analyse plus les dysfonctionnements de l’Église que le message religieux. Le spirituel est utilisé simplement comme une caution pour soutenir un argument et ne peut donc pas trouver d’accroches pertinentes dans l’idéologie anarchiste, qui est confondue, me semble-t-il, avec la « liberté » (individuelle et non spirituelle). Il faut préciser que l’on parle ici de la conception libertaire de l’anarchie (principalement proudhonienne) et en aucun cas des activistes violents ou terroristes.

L’auteur est plus pertinent lorsqu’il parle de Jésus en particulier (sur l’Ancien Testament, j’ai quelques doutes historiques).  Autant la foi de l’auteur est discrète lorsqu’il aborde le spirituel, le divin : il utilise la méthode apophatique pour ne pas nommer. Par contre, il se sent clairement proche de Jésus et examine la clairvoyance de ce dernier pour dénoncer les manigances politiques de nos sociétés.  Il nous faut lever le voile qui recouvre nos yeux.

C’est un ouvrage qui se lit très aisément et qui sera plaisant si l’un des deux thèmes vous intéresse, notamment sur les enjeux de pouvoirs politiques ou religieux comme lorsque Jésus est tenté par le Diable, est-il question de pouvoir spirituel ou politique ? C’est ce genre de questionnement que soulève le livre et c’est là son plus grand intérêt, les réponses de l’auteur étant quelquefois soumises à la déformation du réel pour appuyer son propre avis.