Aventures d’un gourmand vagabond

Contribution La Griffe Lorraine

Rubrique Hors. normes

Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲△△

Facilité de lecture ▲▲▲▲▲

Rapport avec le rite ▲△△△△

Ce livre ferait passer la « Grande Bouffe » de Ferreri pour un rendez-vous mondain de végans anémiés et grisâtres.

Texte autobiographique, il devrait être obligatoire de lire cet ouvrage avant d’ouvrir un roman de Jim Harrison, cela donne une tout autre couleur à ses récits. 

Harrison est un ogre, un homme qui maîtrise ses passions dévorantes, mais uniquement dans l’excès total, et c’est réjouissant. En « bon américain », il n’a aucun complexe, ni vestimentaire, ni comportemental, et encore moins sur la nourriture, donc, il ingurgite tout, en quantité astronomique, il boit bien entendu proportionnellement à ce qu’il dévore, que ce soit un sandwich dans la rue, un paquet de chips, un morceau d’ours dans son chalet au milieu de la forêt ou un plat succulent dans les plus grands restaurants du monde. Bref, il pratique « l’holocauste nutritionnel ».

Son « âtre » semble être un mini Rungis, c’est le centre de réception de tous les aliments commandés dans le monde entier. Jim veut « tout » goûter, et c’est cette curiosité, cet appétit de « savoirs », de connaître qui est aussi passionnante tout au long de son texte. Car il ne s’agit pas juste de bouffe, mais bien de réflexions hédonistes et culturelles et sociétales qu’il aborde avec beaucoup de brutalité, de finesse, d’humour et de maestria littéraire, ce pourrait être vulgaire, et pourtant c’est une leçon d’élégance et de justesse.

À lire de toute urgence si vous voulez fuir les passions tristes et la « déification de la banalité », je rajouterais même de la médiocrité citadine que nous propose notre société actuelle, de fuir tous les empêcheurs de manger en ronds, de boire en rire et de vivre en joie. La réflexion sur la nourriture de « zoo » que nous ingurgitons est capitale, nous avons abandonné la culture pour la rentabilité de l’industrie agroalimentaire.  

À lire et à relire avec excès bien entendu, Nietzsche aimait philosopher à coups de marteau, Harrisson fait de l’orfèvrerie littéraire au hachoir. C’est jubilatoire !

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