Le fils de l’homme
Contribution La Griffe Lorraine
Rubrique Hors-Normes
Recommandation de lecture ▲▲▲▲▲
Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲
Facilité de lecture ▲▲▲▲
Rapport avec le rite ▲
Bien plus qu’un excellent roman très bien écrit, une interrogation sur la nature humaine, la relation père-fils, la violence et la transmission. Dans « règne animal » l’auteur nous avait questionné sur notre part d’animalité et notre rapport aux animaux à travers l’histoire d’une famille et d’une porcherie sur plusieurs générations.
Cette fois, il nous renvoie aux liens complexes qui unissent et opposent les pères aux fils. Et, bien au-delà, il nous interroge sur la part de liberté dont nous disposons face à la violence que nous portons en nous depuis l’aube de l’humanité et que nous ne cessons de transmettre de père en fils, par-delà les siècles, les formes et les histoires personnelles.
Une fois encore Del Amo nous questionne sans concession sur notre humanité, de manière lucide, clinique, implacable, grâce à une écriture précise et un récit distancé, presque dépersonnalisé, ce qui permet d’autant plus facilement la projection personnelle.
La fin, entrouverte, tout en pointillés, nous laisse l’espoir (ou l’illusion ?) d’échapper au déterminisme.
C’est brillant et dérangeant.
J’avoue que ce livre m’a renvoyé aux rapports complexes que j’ai pu avoir avec mon père et à ma responsabilité de les avoir reproduits avec mon fils, moi qui me croyais plus libre et plus élaboré… J’imagine que je ne suis pas le seul dans ce cas après avoir lu ce livre et honnêtement cela vaut mieux que bien des bouquins de psychologie.
Ce livre m’a également interrogé sur la responsabilité de transmettre, qui est au cœur de notre démarche initiatique.
Bref, bien plus qu’un excellent roman.