MEIN KAMPF ET LANGAGE CHRÉTIEN

Contribution La Griffe Côtes d’Azur-Corse

Rubrique Hors-Normes

Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲▲

Facilité de lecture ▲▲▲▲▲

Rapport avec le rite △△△△△

Waltraud Verlaguet, théologienne protestante d’origine allemande, décortique minutieusement Mein Kampf. Citations après citations, elle analyse les nombreux détournements de la parole chrétienne opérés par Hitler. Comment ne pas sursauter devant tant de mauvaise foi, au sens le plus fort du terme ? Hitler n’argumente jamais, il assène ses évidences à coup de slogans simplificateurs pour subvertir les thématiques religieuses, si bien que l’Eglise constitue à la fois le modèle et l’ennemi à abattre.

Certes il dit admirer « la défense implacablement fanatique » des chrétiens, mais, précise-t-il aussitôt, ces mêmes chrétiens sont dans « une détresse religieuse, ils se languissent d’un renouveau », un « besoin spirituel » qui ne peut et ne doit s’incarner que dans un élu « arrivé à maturité pour remplir la mission qui lui a été attribuée… par le créateur de l’univers ». Lui-même, bien sûr ! Se présentant dès lors comme un quasi prophète, le « seul et unique appelé par la force de l’ordre naturel », Hitler justifie tous les dogmes et toutes les violences du combat national-socialiste, jusqu’à désigner la « race aryenne… noble et unique en son genre » comme la seule à l’image de Dieu et donc vouée à dominer le monde.

Croire que les hommes sont égaux est évidemment une ruse juive, seule la victoire de l’aryen est conforme à la volonté de Dieu. Le racisme, l’antisémitisme et l’eugénisme pensés comme « œuvres agréables à Dieu » sont ainsi sacralisés comme fondement et finalité de l’Etat. Qualifiant son mouvement naissant (au moment où il écrit) de « fraternité pieuse », Hitler compare tous ceux qui ne pensent pas comme lui à des Judas toujours prêts à trahir « en échange des fameux trente deniers ». D’où la nécessité de bâtir des dogmes puissants destinés à « servir une nouvelle communauté d’êtres humains en guise de profession de foi ».
Force images bibliques sont ainsi enrégimentées et détournées, telle, entre autres, celle du péché originel comme non-respect de la pureté de la race, ou celle de l’ivraie pour qualifier le non-aryen. En un mot, Hitler entend substituer la religion de la force à la foi chrétienne tout en en conservant le vocabulaire et les modes d’expression… Un mode de séduction que de nombreux autocrates contemporains ont fait leur !

Une telle lecture fait froid dans le dos tant elle évoque certains autocrates

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