DE L’ART DE DIRE DES CONNERIES
Contribution La Griffe Côtes d’Azur-Corse
Rubrique Hors-Normes
Intérêt général de l’ouvrage △△△△△
Facilité de lecture ▲▲▲▲△
Rapport avec le rite △△△△△
Voici un petit ouvrage au titre alléchant et dont le propos ne l’est pas moins puisque Harry Frankfurt, célèbre philosophe outre-Atlantique, prétend y conceptualiser l’esbroufe et la déconnade, et surtout, sous le terme générique de « conneries », les différences entre mensonge et baratin dans leur rapport à la vérité. « Je me suis efforcé de comprendre ce que je voulais dire chaque fois que je manifestai mon opposition ou mon dédain à l’égard de quelque chose en le qualifiant de « connerie » - une réflexion irréfléchie qui m’est assez coutumière », écrit-il.
Beau programme auquel il aurait dû se tenir ! On s’attend à une réflexion décoiffante, pleine d’autodérision, mais il faut bien convenir que le résultat des pseudo-cogitations de notre philosophe américain est des plus décevants, tant il ne consiste qu’en exemples impersonnels peu convaincants suivis de développements confus appuyés çà et là sur des étymologies scabreuses. Plus grave : Frankfurt n’effleure que de loin la question centrale qui reste de déterminer si celui qui ment ou qui baratine croit à son propre discours ou s’il n’a que l’intention de tromper, et, réciproquement, si ceux qui l’écoutent le croient ou affectent simplement de le croire.
Bref, en dépit de son succès spectaculaire aux USA, cet ouvrage pompeusement qualifié par son éditeur de « livre culte », laisse tellement perplexe que je n’hésiterai pas à l’homologuer dans la catégorie de ces conneries qu’il prétend analyser.
Mais peut-être fais-je moi-même partie de ceux qui osent tout…