LA NEIGE BRÛLE
Contribution La Griffe Côtes Lorraine
Rubrique Hors-Normes
Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲▲
Facilité de lecture ▲▲▲△△
Rapport avec le rite ▲△△△△
L'homme est cette créature porteuse de fantômes mélancoliques qui sont en embuscade au coin de la mémoire ou au hasard des rencontres et qui vous portent un coup fatal. Le roman (mais est-ce un roman ou une biographie légèrement déguisée ?) met en scène un couple qui se rencontrent à Cuba au temps du castrisme triomphant. Ils se ressemblent trop pour qu'une histoire amoureuse débute.
Ils vont, durant plusieurs années, suivre leurs parcours différents et devenus contradictoires, avec tendresse ou colère. Lui, Boris, est revenu de tout, n'est plus dupe des envolées lyriques et comprend que ses engagements « révolutionnaires » n'étaient que le reflet d'une adolescence prolongée et la culpabilité d'appartenir à la grande bourgeoisie culturelle parisienne à laquelle il aspire de nouveau (Bonjour Régis Debray !), n'ayant été que l'auteur de son propre cinéma.
Elle, Imilia, s'accroche à l'idéologie avec ferveur, sachant qu'elle donne sens aux dérives de sa vie. Cependant, elle tombera amoureuse de Carlos, véritable révolutionnaire qui connaît la lutte, la torture, la mort, l'assassinat dans sa réalité la plus brutale ; jusqu'au jour où il sera abattu par la police bolivienne. Imilia perd tout : l'homme qu'elle aimait, l'enfant qu'elle attendait, l'échec de sa mission.
Mais, elle n'abandonne pas et continue ses actions de Londres à Paris et jusqu'à Hambourg où elle abattra un ancien bourreau de la police bolivienne. Impuissant, Boris assiste à la dérive de son amie et la voit continuer sans pouvoir la convaincre de quitter l'adolescence, comme lui le fait. Déchirement où il n'y a plus rien à partager, tout en regrettant le temps passé. Doit-on renoncer à ses rêves de jeunesse quand la dure confrontation apparaît entre réel et imaginaire ? Pour aider le passage au réel séparons nous des illusions.
Avec un humour sombre, Boris rappelle une parole de Che Guevara : « Au risque de paraître ridicule, permettez-moi de vous dire que le vrai révolutionnaire est guidé par de grands sentiments d'amour » !
De quoi mourir de rire, de rire, de rire à en crever. Avec, toutefois, un long sanglot de Régis Debray pour ce temps où il croyait tellement pouvoir changer le monde...