LE BRÉVIAIRE DU COLIMAÇON
Contribution La Griffe Île de France
Rubrique les Incontournables
Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲▲
Facilité de lecture ▲▲▲▲△
Rapport avec le rite ▲▲▲▲△
« Emporter toujours avec soi sa cellule intérieure » Catherine de Sienne
Prendre comme archétype le colimaçon, animal parfaitement autonome qui porte sa maison pour symboliser la quête du cherchant, du pèlerin spirituel, ne manque pas de pertinence.
Encore faut-il savoir de quelle quête et de quel cherchant il s’agit ? Et c’est là l’interrogation que me pose cet essai dont le subtil raisonnement, certes brillant, fait accroire à une large ouverture d’esprit pour en une seule phrase la réduire à l’impasse dogmatique.
Oui l’époque actuelle laisse peu de place à l’aventure intérieure, en lui substituant nombre de dérives idolâtres. Notre esprit est de moins en moins accoutumé à domestiquer la parcelle divine impérissable en soi, à discerner nature spirituelle et nature psychique, l’homme essentiel du vieil homme. À nous de dissocier bonne conscience de conscience éveillée. L’Art Royal nous le rappelle : le Royaume est en nous.
Oui il est nécessaire de distinguer la vie intérieure de la vie spirituelle. La première est d’ordre intime, elle se nourrit de nos aspirations, de nos référents moraux, de nos ressentis personnels, la seconde touche à l’individu dans son désir d’accomplissement par-delà l’humain dans une visée d’éternité.
Oui il est également indispensable de différencier, sacré et spirituel. Pour Kelen : « Tout ce qui est sacré n’est pas obligatoirement spirituel c’est-à-dire investi de l’Esprit divin mais le spirituel est forcément sacré » Nous sommes, par nature, relié à l’essence divine et c’est par la connaissance que s’approfondit la quête du divin, la mise en conscience d’une transcendance, d’une présence en soi invisible et indicible.
Le parti pris de l’auteure est sans équivoque, sa quête spirituelle est conversion intérieure, détournement, détachement de soi pour s’élever vers Dieu et tout offrir à Dieu.
Mais alors se pose la question de savoir comment animer cette quête exclusive. Et là, outre le fait que l’auteure considère que la connaissance de soi ne nécessite pas l’intervention d’une personne extérieure, que la démarche philosophique s’apparente à un compagnonnage, une phrase vient ébranler ma conscience : « Ceux qui désirent nourrir leur vie intérieure peuvent puiser dans les religions, les mythes et les philosophies. Mais comme l’existence est brève et pour éviter un éclectisme spirituel qui ressemblerait à une consommation et à une distraction, mieux vaut creuser sa voie, approfondir sa tradition, sa religion »
J’en reste coi !
Le dogmatisme a, hélas, encore de beaux jours devant lui.