GIORDANO BRUNO, LA PHILOSOPHIE ET LA FUREUR
Contribution La Griffe Paris
Rubrique les Incontournables
Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲▲
Facilité de lecture ▲▲▲△△
Rapport avec le rite ▲▲▲△△
Personnage atypique, savant et philosophe, la vision de Giordano Bruno dit le Nolain, s’inscrit dans la grande aventure de la Renaissance.
Sa lecture n’est pas aisée. Il écrit certains de ses ouvrages en italien certes mais d’autres en latin et les concepts qu’il manie ne sont plus les nôtres aujourd’hui.
L’Eglise en a bien perçu le caractère révolutionnaire et l’a condamné au bûcher dans les pires conditions : le cou cerné d’un lourd anneau de fer, la langue clouée. Il n’est pas étranglé au préalable pour prolonger et intensifier le supplice. Nous sommes le 17 février 1600.
Son juge le Cardinal Bellarmin sera canonisé en 1930.
C’est l’intérêt de cette étude de nous replonger dans la pensée de cet « hérétique » à partir d’un ouvrage publié en 1684/85 intitulé « De gli eroici furiori ».
A partir de sa thèse de doctorat en philosophie, Marion Lieutaud présente la pensée des « héroïques fureurs » du Nolain en la comparant aux systèmes philosophiques précédant le sien. On rencontrera Aristote, Plotin, Cicéron, Ficin, St Thomas d’Aquin, Hippocrate, Galien, Pic de la Mirandole, Boèce etc.
C’est à la fois le grand intérêt de l’ouvrage et sa limite.
En effet si l’on est particulièrement intéressé par la pensée de G Bruno on est parfois un peu désorienté par l’accumulation des philosophes et écrivains mis en parallèle avec lui.
De plus, la thèse porte sur un seul de ses nombreux livres.
Cette étude n’est pas un ouvrage exhaustif présentant la vie et l’œuvre de Bruno. Pour cela il faut se référer au bouquin de Levergeois (G Bruno Fayard 1995).
Marion Lieutaud évoque quant à elle la pensée des « anciens » et l’originalité de Bruno, dans les domaines de l’atomisme, de la santé (les maladies de l’âme), du daîmon, de la magie, de la cosmologie, de l’éros notamment.
Véritable ouvrage de référence dans lequel nous puiserons de nombreuses connaissances.
S’il fallait s’en satisfaire d’une seule je retiendrais chez le Nolain la notion renouvelée de la « vicissitude universelle » : il y a de l’ordre dans l’univers, dans la nature mais cet ordre n’est pas immobile, il est intrinsèque et évolue ; le destin du changement s’opère de l’intérieur, y compris de l’intérieur de la conscience humaine.