De Salomon à James Anderson, l’invention de la Franc-Maçonnerie
Contribution La Griffe Hypatie
Rubrique les Incontournables
Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲▲
Facilité de lecture ▲▲▲▲△
Rapport avec le rite ▲▲▲▲▲
Cette année nous célébrons les 300 ans des Constitutions d’Anderson, texte fondateur de la franc-maçonnerie spéculative. Roger Dachez, historien et président de l’institut maçonnique de France, fait œuvre ici de réunification et de clarification. Il navigue entre mythes légendes pour restituer cette histoire faite de paradoxes : où les anciens sont, de fait, les modernes, où les intellectuels transforment outils et traditions des ouvriers bâtisseurs en symboles, où le rite écossais n’a rien à voir avec l’Ecosse où le rite français trouve son origine chez les anglais où la date même du jour où, quatre loges de Londres fondèrent la « Grande Loge de Londres et de Westminster » est contestée. A cette première grande loge il fallait un texte de fonctionnement, ce furent les Constitutions d’Anderson qui virent le jour en 1723 sous l’impulsion des membres de la Royal society anglaise et de Jean Théophile Désaguliers, descendant de huguenots français, prêtre de l’église anglicane, physicien de renom, proche de Montesquieu, disciple de Newton, et par la suite 1er chapelain du prince de Galles. James Anderson, quant à lui était un pasteur presbytérien d’origine écossaise qui écrivait les histoires de familles de notables et se chargera de la rédaction qui portera son nom.
L’histoire se complique dès 1751 car cinq loges s’unissent pour former une Grande Loge rivale : la Grande Loge de Londres des maçons francs et acceptés selon l'ancienne institution ». Ils baptisent péjorativement les membres de la Grande loge de 1717 de « moderns » jugeant qu’elle s’était écartée des usages anciens. Désormais donc les modernes seront ceux de la loge constituée en 1717 et les anciens celle de 1751 ! Cette querelle entre les deux grandes loges va durer 62 ans. En 1813 un acte d'union y mettra fin en fusionnant les deux obédiences pour donner naissance à la Grande Loge Unie d'Angleterre dont le credo est et reste toujours le même : croire en Dieu, pas de discussion politique ni religieuse et pas de femmes. A titre personnel, je m’interroge aujourd’hui sur cette exclusion vieille de trois siècles s’agissant d’une société initiatique revendiquant humanisme, transmission et progrès !
« Le paradoxe, c'est le nom que les imbéciles donnent à la vérité." disait Paul Valéry. Eveillons nous donc sur le pavé mosaïque à cette vérité… paradoxale et armons nous de patience.