Temple et contemplation.
Contribution La Griffe Languedoc-Roussillon
Rubrique les Incontournables
On ne présente plus Henri Corbin. Mais certains de ses travaux demeurent encore peu connus. C’est le cas de « Temple et Contemplation » qui apparaît parfois comme un testament de l’auteur.
Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲▲
Facilité de lecture ▲▲△△△
Rapport avec le rite ▲▲▲▲▲
Dans cet ouvrage, le sentiment qui domine en effet est que l’auteur formule une synthèse de l’œuvre de toute une vie. Il semble apporter une conclusion à tout un travail universitaire qui revêt finalement le caractère d’une réflexion spirituelle constante et d’une méditation qui auront conditionné toute la vie de l’auteur.
Ce que l’on perçoit de cet ouvrage c’est que la clé de la vie d’Henri Corbin, c’est « la confluence des deux mers » comme le dit l’éditeur. Il s’agit en fait de la jonction entre la Tradition occidentale templière et la Tradition orientale du Temple, confluence entre Tradition initiatique templière occidentale et « fotouwat » (Compagnons Chevaliers) de la Tradition orientale.
Le Temple dressé dans « le monde imaginal » comme le définit Henri Corbin, n’a pas grand-chose à voir avec l’interprétation qu’en donne d’ordinaire la Franc-Maçonnerie. Il y a en effet chez Corbin, la définition de l’imaginal comme « Porte du Ciel » à travers une démarche contemplative construite sur une perspective chevaleresque voire plus spécifiquement templière comme il l’explique lui-même.
Cela élargit le champ d’un ésotérisme de l’ordre du temple ne s’appuyant pas exclusivement sur une spiritualité liée à la seule religion chrétienne et à l’Eglise romaine. Car, à côté de l’Ordre templier dont l’histoire nous est familière, il existe un autre aspect qui commence à Byzance sous l’égide de Michel Psellos, soixante dix ans avant que les chevaliers fondateurs ne sollicitent Bernard de Clairvaux.
La jonction avec la Franc-Maçonnerie se fait dans l’évocation symbolique de la structure du Temple matériel à construire fait de pierres taillées en Occident de même qu’en Orient, comme lieu de spiritualité. Henri Corbin explique comment, dans ces deux contextes complémentaires, l’union entre le monde manifesté et le monde spirituel peut se faire à travers une structure planétaire scalaire qui s’élève en revanche bien au-delà du septénaire qui nous est familier.
Le Temple dont parle Henri Corbin est une perception de la Jérusalem Céleste comme lieu d’une Tradition Spirituelle unifiée à travers la Chevalerie « au confluent des deux mers » qui relie la Terre au Ciel.
Ce livre, majeur mais parfois difficile, n’en est pas moins réellement incontournable !