LE CONCEPT DE DIEU APRÈS AUSCHWITZ
Contribution La Griffe Touraine
Rubrique les Incontournables
Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲▲
Facilité de lecture ▲▲▲▲△
Rapport avec le rite ▲▲▲▲△
En préambule, et s’opposant consciemment au positivisme du siècle, Hans Jonas déclare que « travailler sur le concept de Dieu est possible, même s’il n’y a pas de preuve de Dieu ».
Il pose alors la question de la présence du mal dans le monde, la rapporte spécifiquement au peuple d’Israël et au malheur qui lui est imposé par l’inversion maligne de l’élection en malédiction.
Si les massacres de communautés juives au Moyen-Âge, accompagnés par le Chema Israël, s’intégraient dans la sanctification du Nom, rien de tout cela n’a plus de sens avec l’évènement qui porte le nom d’«Auschwitz ». Là-bas, on ne mourût pas pour l’amour de la foi et en Saint, mais du fait d’une déshumanisation par un ultime abaissement précédent l’agonie : là-bas, il n’y a pas eu de sacrifice comme le laisserait penser le terme d’holocauste, mais bien une absolue profanation de l’homme par l’homme.
Alors, Jonas pose la question cruciale : quel Dieu a pu laisser faire cela ?
Reprenant les percepts et les éléments spécifiques du judaïsme, il décide de faire comme si Dieu existait et, en quelques sortes, se met à sa place. Il évoque la théodicée hébraïque à partir du livre de Job, et exprime la cécité et la souffrance que Dieu s’est imposé à lui-même par son retrait créateur du monde. C’est à travers la souffrance en miroir que le processus évolutif impose à la création, que Dieu peut accéder à la connaissance de lui-même.
Mais Dieu est défaillant, car contrairement à la promesse liée à l’élection, il abandonne bel et bien son peuple ! C’est alors qu’il devient compréhensible, perdant sa toute puissance absolue. Un Dieu bon mais faillible, ne peut échapper à l’émergence du mal : c’est la condition de son accessibilité. Jonas rejoint la théodicée de Leibnitz du meilleur des mondes possibles. La foi n’a pas besoin de preuve pour s’épanouir : juste pouvoir tendre la main vers ce que l’on sait inatteignable mais qui souffre pour nous et avec nous.