Dieu ? Le philosophe et le rabbin.
Contribution La Griffe : Côte d’Azur Corse
Rubrique Métaphysique
Opposer radicalement théologie et philosophie, c’est éluder le paradoxe d’une philosophie athée
Recommandation de lecture ▲▲▲▲▲
Intérêt général ▲▲▲▲▲
Facilité de lecture ▲▲▲
Rapport avec le rite ▲▲
Paradoxe, en effet, dont ce dialogue entre un rabbin et un philosophe résolument athée est l’éclatante illustration. L’un à partir de son judaïsme, l’autre de son christianisme sans Dieu, ils exposent leurs arguments a priori en faveur de la foi et de la raison, mais parfois à front renversé, tant la foi ne se prouve pas. Qu’en est-il de Dieu ? Peut-on croire sans raison ? Or même Onfray en convient : seraient-elles fallacieuses, il existe des raisons de croire.
Le plus intéressant, cependant, réside en ce que tous deux fins lecteurs de la Bible - de la part d’Onfray qui l’eût cru ? – ils confrontent pas à pas leur herméneutique minutieuse de trois textes fondamentaux, la Genèse, l’Ecclésiaste et le Livre de Job, afin de tenter de répondre à la question essentielle : « devenons-nous ce que nous sommes ou sommes-nous ce que nous devenons ? ».
En ce sens, les arguments développés dépassent largement le cadre du seul judaïsme. Ils interrogent patiemment notre condition d’homme, et plus particulièrement notre condition d’homme dans la société contemporaine. Sont ainsi abordées la dualité homme-Dieu, la nature et l’origine du bien et du mal, le racisme et la différence sexuelle, et l’exercice de la volonté et de la liberté.
Or si le philosophe et le rabbin se rejoignent assez largement sur la morale, ils se séparent néanmoins sur une divergence profonde au sujet de la différence entre raison et intellect. Car s’appuyant tous deux sur le Livre de Job, le premier croit pouvoir en conclure à l’inexistence de Dieu, tandis que le second parachève son exposé sur « une existence problématique qui suscite peut-être plus de questions qu’elle n’en résout et qui induit une existence inconfortable parce que nous ne trouvons pas réponse à tout »…
Dialogue stimulant, donc, qui ne manquera pas d’intéresser tant les croyants que les non-croyants.