Sagesse et compassion - Les deux ailes du bouddhisme.

Contribution La Griffe : Île de France

Rubrique Métaphysique

À travers deux concepts bouddhiques, une réflexion sur le vécu maçonnique.

Recommandation de lecture ▲▲▲▲▲

Intérêt général ▲▲▲▲

Facilité de lecture ▲▲▲▲

Rapport avec le rite ▲▲▲

Ce qui est bien chez Jacques Scheuer, c'est de nous présenter des concepts infiniment complexes dans une clarté qui nous fait apparaître, à nos propres yeux, comme intelligents ! Succès d'une vieille habitude pédagogique des Jésuites. Mais, pas uniquement : l'auteur, sanskritiste savant et reconnu, est un fin connaisseur des philosophies et religions orientales, d'où il tire, pour notre grand plaisir et notre information, la substantifique moelle. Jacques Scheuer nous conduit surtout, à travers les textes bouddhiques, vers une orientation qui est très proche d'une réflexion maçonnique : l'obligatoire parallélisme entre sagesse et compassion. Le bouddhisme, contrairement aux courants philosophiques de son époque ne conçoit pas l'anéantissement de l'être dans une sagesse panthéiste, mais dans l'obligation de lier deux mouvements complémentaires : la sagesse s'accompagne obligatoirement de la compassion. Le jardin d'Épicure serait presque l'image paradisiaque de la sagesse dans l'autarcie du discours philosophique et le plaisir de l'amitié partagée ; mais si le jardin reste clos sur lui-même il est un échec : il convient qu'il existe toujours une porte pour accéder ou quitter le jardin, sinon il devient un lieu asphyxiant, loin du réel, hantés par quelques « happy few » bavards, amateurs de belles formules et narcissiques, plus proches de la secte que de l'ouverture philosophique au monde. Ce mouvement de sortie du jardin du détachement sera vécu par le Bouddha lui-même quand, transgressant sa vie cloîtrée dans le plaisir d'un jeune prince en sortant dans la rue, il va prendre conscience de la terrible destinée de l'homme à travers des rencontres où il côtoie la pauvreté, la vieillesse, la mort. Ce qui va le conduire à l'illumination de la rencontre entre sagesse et compassion. Toute sagesse ne peut déboucher que sur une main tendue vers l'autre dans sa détresse existentielle, sinon c'est du toc ! Dans une autre culture, Platon nous dit la même chose : sortis de la caverne et accédant à la lumière de la sagesse, il nous faut redescendre pour donner un petit coup de main à « ceux d'en bas », les enchaînés aux illusions et les drogués de l'imaginaire. Comme une fin de tenue, quand nous revenons dans le monde profane...

Sacré Platon ! Sacré Bouddha !

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