LE VIEL HOMME ET L’OFFICIER
Contribution La Griffe Île-de-France
Rubrique Métaphysique
Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲▲
Facilité de lecture ▲▲▲△△
Rapport avec le rite ▲▲▲△△
La poésie, l'imaginaire, le mythe ou la folie peuvent-t-ils sauver l'homme de la brutalité du monde ? C'est la question que pose Mircéa Eliade dans son roman. En fait, y a-t-il un salut pour l'homme en dehors de la mise en place d'un monde personnel parallèle où se mélangent allégrement souvenirs vécus mais reconstruits et invention pure et simple ?
Le cadre où l'anti-héros, Farâma, plonge dans un monde Kafkaïen est celui de la Roumanie de Ceausescu et de son système totalitaire. Le vieil homme ancien directeur retraité d'une école primaire de Bucarest, avant le communisme, croît reconnaître dans la rue l'un de ses anciens élèves qui est devenu fonctionnaire de la police secrète du nouveau régime. Heureux de le revoir, il va tenter de renouer des liens pour évoquer ces temps d'enfance qui « sont plus loin que l'Inde et que la Chine ».
Mais il est éconduit, son interlocuteur se prétendant issu d'un milieu prolétaire misérable, et n'ayant jamais suivi d'études. Le fonctionnaire fait suivre le vieil homme et, dès le lendemain, il est conduit au siège de la police secrète et plongé dans l'univers abominable du stalinisme où poser une question devient un acte contre-révolutionnaire, d'emblée suspect. Interrogé sur son ancien élève supposé, le professeur évoque le passé, mais met en route en même temps son imaginaire et ses souvenirs sur les contes et les mythes de la Roumanie. Durant des heures, au fil des interrogatoires et de la rédaction écrite de ce qu'il aurait à dire, il va déclencher un intérêt et un engouement chez les fonctionnaires qui l'interrogent. Nous comprenons alors, qu'inconsciemment, le vieil homme tombe dans la stratégie des « Mille et une nuit » où, la séduction liée aux contes qui n'en finissent pas, lui sauve la vie. Mircéa Eliade met en jeu l'opposition des délires à la folie idéologique.
Plus connu en Roumanie pour ses romans plus ou moins ésotériques, que ses études menées en occident autour des religions et de la philosophie (« Le sacré et le profane », « Images et symboles » « Traité d'histoire des religions », etc.). Mircéa Eliade nous entraîne dans un monde au-delà du miroir.
Suivons le magicien des Carpathes !