Contribution La Griffe Île de France

Rubrique Métaphysique

Une belle plongée dans la communauté juive new-yorkaise.

Recommandation de lecture: ▲▲▲▲▲

Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲▲

Facilité de lecture ▲▲▲▲

Rapport avec le rite ▲▲▲

Incontestablement, Chaïm Potok (1929-2002) était l'un des grands écrivains du monde juif américain, à égalité avec Paul Auster ou Bashevis Singer. Une littérature de l ' « entre soi », loin des « goïms » et qui pourtant prend une dimension humaine collective, toutes cultures confondues, par les problèmes humains soulevés. Dans son roman, l'un des plus intéressants sur cette micro-culture New-yorkaise, il décrit un monde juif traversé par des conflits religieux : par exemple l'opposition violente entre les juifs hassidiques venus d'Europe centrale et les « sionistes » (Que les conservateurs traitent d ' « Apikourim », d ' « Épicuriens » !) qui veulent s'adapter au monde moderne dans lequel ils vivent et qu'ils souhaitent. Á l'occasion d'un match de base-ball, deux adolescents issus de ces communautés différentes vont devenir amis et surmonter les obstacles. Ils vont découvrir : la tendresse du père, l'amitié plus forte que la mort et la connaissance comme source de vie. Chaïm Potok va même nous faire entrer, à notre grande jubilation, dans les querelles théologiques du Talmud ! Il veut nous montrer qu'au-delà des formules toutes faites ou des interdits ridicules, le courant affectif balaie tout. La métaphore sur les poissons du psychiatre américain Karl A. Menninger (1929-2OO2), qui sert d'introduction à son roman, nous éclaire sur son orientation philosophique : « quand une truite qui veut happer une mouche se trouve prise à l'hameçon et s'aperçoit qu'elle ne peut plus nager, elle se met à lutter, et, dans des soubresauts et des tourbillons, il arrive parfois qu'elle parvienne à s'échapper. Souvent, bien entendu, c'est trop difficile et elle n'y parvient pas. De la même manière, l'être humain entre en lutte avec son milieu et contre l'hameçon qui l'a saisi. Parfois il se rend maître des difficultés qu'il affronte : parfois elles sont trop fortes pour lui. Le monde ne voit que le combat qu'il mène et, tout naturellement, se méprend sur cette lutte. Il est dur pour un poisson en liberté de comprendre ce qui arrive à celui qui a mordu à l'hameçon » Une belle leçon pour se débarrasser de ce à quoi nous avons « mordu » ou auquel on nous a fait mordre, afin de retrouver le mouvement dans l'eau mystérieuse qui constitue la trame d'une existence sans entraves.

 

 

 

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