ESSAI SUR L'HISTOIRE DE LA MORT EN OCCIDENT
Contribution La Griffe : Lorraine
Rubrique Métaphysique
Mourir, cela n'est rien, Mourir, la belle affaire ! (Jacques Brel)
Recommandation de lecture ▲▲▲▲
Intérêt général ▲▲▲
Facilité de lecture ▲▲▲
Rapport avec le rite ▲▲
Disons-le tout net, ce n'est pas un livre rigolo, car le regard que l'occident porte actuellement sur la mort est des plus déplaisant. Si ce n'était ce bon Brassens qui souriait des corbillards, et remettait la mort à sa place avec deux ou trois rimes égrillardes, nous n'avons guère de poètes ou de philosophes de nos jours pour en rire un peu. Dans le fond, tout l'intérêt de ce livre est de nous montrer quel écart monumental sépare l'idée de la mort au Moyen âge de celle d'aujourd'hui. Philippe Ariès, regardé comme un des pères de la « nouvelle histoire » nous livre ici un essai salutaire. Mais comment diable sommes-nous parvenus à cet insupportable scandale de la mort ordinaire ? Le glissement progressif vers une « anomalie » est fort bien détaillé dans ce livre. Notre regard trahit une dérive tragique vers un individualisme forcené. En abandonnant l'esprit, nous avons privilégié la chair, et naturellement la mort est non seulement incomprise, elle est cachée, dramatisée, comme si elle n'était qu’une fiction. J'ai l'habitude, petit historien moi-même, de dire à des amis médecins hospitaliers que nous sommes passés d'une mort antique et des plus humaines, à une mort technologique. On ne meurt plus chez soi dans ses draps, mais à l'hôpital, raccordés à des tas de tuyaux et d'appareils clignotant, ce qui ajoute au désarroi des familles. Oui, en dépit de nos appareils, de nos inventions, on y passe quand même. C'est moins rapide, mais bien plus couteux. Pour la rapidité, on a les guerres.
Si j'ai lu cet essai, restant d'un marbre charnel, il me fallut plus d'un candélabre, et ceux d'un Te Deum à Notre Dame, ne suffirent à la peine tant la typographie est funèbre. Le livre est d'une petitesse de caractères qu'il impose presqu'une loupe. Alors à vos projecteurs, lorgnons et armez-vous de courage. Je me suis demandé quelle raison à choisi l'éditeur pour cette typographie. Le prix du papier ? Ou alors inspiré de l'avis de décès d'un impécunieux, ou pour nous mettre dans l'ambiance d'une veillée ? Allez savoir !