Merveilleux le chemin de Han Shan

Contribution La Griffe Île de France

Rubrique Métaphysique

Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲▲

Facilité de lecture ▲▲▲△△

Rapport avec le rite ▲▲▲△△

La culture asiatique nous indique que tous les hommes ne sont pas tenus de se mêler aux affaires du monde. Il en est aussi que certains atteignent un tel degré de maturation intérieure qu'ils acquièrent le droit de laisser l'univers suivre son cours sans se mêler à la vie politique pour la réformer. C'est le « Wou Wei », le « laisser tomber », base de la philosophie taoïste. Cela ne veut pas dire pour autant qu'ils restent inactifs ou se contentent de critiquer le monde ambiant : seul le fait de travailler sur soi-même afin d'atteindre une spiritualité, justifie une telle retraite hors du monde. Le but demeurant que, éloigné de l'agitation du monde, le sage continue de créer des valeurs humaines utiles à l'humanité future. Han Shan reste un inconnu pour nous et personne ne sait vraiment qui il est. Quand les gens le voient, tous disent que c'est un pauvre bougre, une sorte de « clochard céleste » qui vit au pied d'une falaise de la « Montagne froide ». Sa recherche spirituelle et poétique porte sur la recherche de sa vraie nature, accordée au cours des choses, libre enfin. Il écrit :

 

« J'habite dans les montagnes

nul ne me connaît

au milieu des nuages blancs

toujours silencieux, silencieux »

Existent pourtant des parenthèses au silence et à la contemplation : celles de la rencontre avec des villageois ou d'autres ermites habitant eux aussi dans la montagne. Mais, il est surtout emporté par la découverte essentielle de la nature dans laquelle il n'est qu'une partie immergée, étant déjà dans l'éternité du « non-né » :

« à Han-Shan seuls les nuages blancs

Le silence, le silence en permanence, loin

du monde de poussière

un siège en herbes pour l'homme de la montagne

pour lanterne solitaire la lune claire et ronde

pour lit un rocher au bord d'un étang limpide

des tigres et des cerfs pour habituels voisins

j'aime la joie de vivre retiré,

depuis longtemps homme hors du phénomène »

Cette poésie, toute proportion gardée, a des accents franciscains de la contemplation cosmique.

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