DICTIONNAIRE AMOUREUX DE MONTAIGNE
Contribution La Griffe Rhône-Loire
Rubrique Méthaphysique
Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲▲
Facilité de lecture ▲▲▲▲▲
Rapport avec le rite ▲▲▲△△
Pour la première fois un volume de cette collection est consacré à un philosophe ; il s’agit de Montaigne. L’auteur, André Comte-Sponville, nous est connu (« petit traité des grandes vertus »). Ici il présente avec talent de nombreuses entrées très enrichissantes pour tout franc-maçon, comme « vertu », amitié-amour » ou « Dieu » à propos duquel on peut d’ailleurs ne pas suivre sa lecture.
Dans cet ouvrage choisissons quelques entrées comme « vertu » où nous constatons combien Montaigne a influencé la philosophie personnelle de l’auteur. Mais aussi tant d’écrivains ici cités, Alain, Gide, Levi-Strauss, Marcel Conche et autres.
Lui-même frotté des grands anciens (Héraclite, Aristote, Epicure, Plutarque…), Montaigne nous donne par le choix de Comte-Sponville cette belle phrase : « l’innocence qui est en moi, je la dois plus à ma fortune qu’à ma raison »
Une entrée amènera un possible désaccord, « Dieu ». Comte-Sponville ne fait pas mystère de son propre agnosticisme et se dit incapable de statuer sur le sujet de savoir si Montaigne était croyant ou non. Certes il cite des passages où figurent des propos marqués de scepticisme. Mais chacun lit Montaigne dans sa richesse et sait qu’ayant pratiqué toute sa vie ses devoirs de chrétien, il ne fut jamais tenté de tromper ses lecteurs ni la postérité.
Pas d’entrée « fraternité » ; mais nous nous reporterons à « amour-amitié » avec cette forte distinction entre l’amitié ordinaire, relation nouée à l’occasion, et celle qui est nommée « souveraine et maîtresse amitié ». Très rare elle veut que « les âmes s’unissent et se confondent de façon si complète qu’elles effacent et font disparaitre la couture qui les a jointes ». La figure de La Boétie est très présente dans ces pages avec la belle formule : « parce que c’était lui, parce que c’était moi ». Nous mesurons dans notre démarche rituelle ce qui sépare l’amitié à la Brassens (« les copains d’abord ») de la vraie fraternité.
Certes André Comte-Sponville a mis beaucoup de lui dans ce dictionnaire. Mais s’il nous convie à fréquenter cet immense penseur, au lecteur de faire à son tour son propre chemin avec Montaigne.