DES AMES ET DES SAISONS
Contribution La Griffe Lorraine
Rubrique Métaphysique
Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲△△
Facilité de lecture ▲▲▲▲▲
Rapport avec le rite ▲△△△△
Boris Cyrulnik, médecin et neuropsychiatre a publié en janvier un ouvrage intitulé « des âmes et des saisons ». Ce titre m’a attiré car il est rare qu’un scientifique parle de l’âme. Mais ce titre ne résume absolument pas le contenu du livre.
Il traite certes, à la marge, de l’influence du climat sur la biologie humaine et sur la hiérarchie des valeurs morales. Ainsi, en haute altitude, les humains sont plus petits et privilégient le partage, le courage physique et l’estime de soi par la fierté d’avoir surmonté la rigueur du froid. En plaine, le plaisir, l’individualisme et la liberté sont dominants.
Mais l’auteur développe qu’au-delà du climat, le milieu, au sens large, modèle le cerveau, et cela dès la vie intra-utérine. Selon le milieu familial, l’enfant subira des stress ou des messages sécurisants qui marqueront à vie son psychisme. Si on pressentait ces conséquences, l’auteur donne de nombreuses précisions scientifiques sur les répercussions cérébrales dues à la sécrétion d’hormones et de réactions chimiques diverses. Le milieu scolaire, le quartier sont aussi des tuteurs de développement grâce à la force des pressions affectives positives ou négatives. Enfin, Cyrulnik considère que la culture sociale, les mots, les représentations abstraites sculptent aussi le cerveau de chacun de nous et cela depuis notre naissance.
L’ouvrage traite aussi d’un sujet très contemporain qui est celui de la relation femme - homme et surtout de l’avenir de l’homme dans le contexte d’une société postmoderne. Selon lui, ce qui a fondé la primauté de l’homme sur la femme depuis les premiers âges est en train de disparaitre. Le machinisme et la robotisation ont dévalorisé la force physique, l’aventure sociale est ouverte aux femmes depuis une cinquantaine d’années en occident, et elles ne sont plus assignées à la survie de l’espèce. La notion de couple a aussi beaucoup évolué. Les sociétés occidentales se caractérisent par une dilution affective croissante et une perte de sens. Les membres d’une même famille vivent souvent loin des autres et les aînés sont placés en établissement.
La vision de l’avenir de Boris Cyrulnik me paraît toutefois très pessimiste sur l’avenir de la gent masculine, une phrase est révélatrice à cet égard : il écrit « mais un corps d’homme, à quoi sert aujourd’hui un corps d’homme ? » et ses constats pourraient être mal interprétés, notamment par un féminisme militant et par la « cancel culture ».