Contribution La Griffe Hauts-de-France

Rubrique Métaphysique

Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲▲

Facilité de lecture ▲▲▲▲▲

Rapport avec le rite ▲▲△△△

Savoir avant de voir, connaître avant de goûter, entendre avant d’avoir écouté. En définissant le génie par ces mots, Sylvain Tesson m’a séduit. Il y dresse un portrait de Rimbaud où les thèmes de ses poèmes résulteraient de ses randonnées marathoniennes, de son immersion dans la nature éternelle et de la paix de ses siestes après l’effort. Il voit donc dans l’œuvre de Rimbaud la résultante de ses longs cheminements pédestres où la marche devient son viatique puisqu’il sait Voir. Y retrouverait t’il quelque chose de lui-même à travers ses propres pérégrinations pédestres dans le monde ?

Mais surtout, il nous explique que Rimbaud a voulu réécrire la totalité de l’aventure humaine, recomposer le monde, réinventer la langue, la nature, l’amour, dérégler les sens, tout reprendre. Cette vision de l’œuvre est réjouissante car elle lui donne un caractère ésotérique ouvrant des perspectives initiatiques sous l’angle de la poésie. Et d’expliquer la volonté de Rimbaud de détruire l’ordre classique et, sur les ruines du temple, bâtir du nouveau. Tout un programme !

Il va plus loin lorsque qu’il dessine une autre dimension du génie : « avoir conscience du secret en soi-même contenu », notamment lorsqu’il rappelle la clé que proclame Rimbaud  à ses proches : « Je est un autre ». Ces mots ne sont pas sans rappeler la phrase initiatique : « mon nom est autre, et le même pourtant ». 

Sylvain Tesson par une étonnante démonstration nous livre une vision de l’œuvre de Rimbaud sous une perspective qui n’est pas sans rappeler les thèmes initiatiques des cherchant : la destruction et la reconstruction du Temple intérieur, la notion d’errance et d’exil, la renaissance, la notion de Verbe, se connaître, l’infini…

Mais ce qui m’a frappé est qu’il y met une limite : celle du monde manifesté qui n’est pas en mesure de se transformer et la marche devient une fuite de l’ennui qui rode. C’est pourquoi, à ses yeux, la lumière au bout du tunnel n’est qu’un leurre…

Précédent
Précédent

LE MEDECIN DE CORDOUE

Suivant
Suivant

QUAND DIRE, C’EST VRAIMENT FAIRE