PENSÉES SANS ORDRE CONCERNAT L’AMOUR DE DIEU
Contribution La Griffe Lorraine
Rubrique Métaphysique
Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲△
Facilité de lecture ▲▲▲△△
Rapport avec le rite ▲▲▲▲▲
« Dieu a créé par amour, pour l’amour ». Simone Weil nous invite à une conversion du regard. Ne pas aimer Dieu en cherchant à le connaître, mais monter vers lui pour découvrir son amour.
Cet amour se traduit par le retrait de Dieu, à l’origine d’un vide, d’une absence qui permet la création du monde, mais aussi son imperfection.
Cependant, Dieu vient quand même à nous en restant présent comme une graine plantée en terre, plantée au centre de notre être. A nous de le recevoir et de lui donner la possibilité de grandir en l’acceptant et en éliminant « les mauvaises herbes » envahissantes de notre matérialité manifestées, principalement par la souffrance et le malheur.
Pour elle, cette démarche n’est possible que par le désir qui nous permet de rentrer en contact et d’appréhender les états supérieurs de l’Être. Non pas le désir d’assouvir notre humanité engluée dans son expression formelle, elle n’est qu’illusion, mais le désir du Bien dans la création qui ne peut passer que par une relation étroite entre Dieu et nous et qui devient une nécessité.
Ce désir s’exprime au travers des sacrements. Ils ne sont rien s’ils ne sont que simple exécution, mais ils deviennent, pour celui qui recherche, ce qui se cache derrière la forme et pour celui qui désire recevoir, « ouvreur » de porte.
La souffrance physique et le malheur de l’âme ne doivent, dès lors, plus être conçus comme un Mal mortel, mais comme le moyen de faire taire notre matérialité étrangère et ennemie, le moyen d’approfondir « la partie de nous-mêmes qui réclame Dieu » et celui de pouvoir, ainsi, combler le vide créé par Dieu, et retrouver son amour. Il faut les supporter, les accepter, pour comprendre que nous ne sommes pas dans la Vérité, pour appréhender le manque divin et avoir le désir de le combler.
C’est pour Simone Weil être dans un processus de « décréation » libérateur afin de nous éloigner du péché qui n’est « qu’une mauvaise orientation du regard » dans notre matérialité.
C’est une démarche mystique qui nous rappelle la vision spirituelle de l’initié qui « combat le serpent pour le vaincre et le contraindre à servir » et qui cherche à devenir médiateur entre le Principe et la création.
Livre de lecture parfois difficile, notamment car composé d’écrits et de lettres isolés, mais qui vaut la peine de l’effort.