LE BESTIAIRE DU CHRIST
Contribution La Griffe Lorraine
Rubrique Méthaphysique
Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲△
Facilité de lecture ▲▲▲▲△
Rapport avec le rite ▲▲▲▲△
Auteur d'une œuvre monumentale, achevée en 1934 et publié sept années plus tard Le Bestiaire du Christ, de Louis Charbonneau-Lassay a été enfin remis à l'honneur par les éditions Albin Michel en 2006.
Le qualificatif de monumentale n'est pas exagéré. En effet Charbonneau-Lassay, qui était historien et archéologue écrivit cet ouvrage, illustré en outre par ses soins de plus 1127 gravures sur bois !
Avec ses 995 pages, et ses illustrations, l'édition d'Albin Michel du Bestiaire du Christ ressemble à un gros dictionnaire. Charbonneau-Lassay nomma son livre en page de garde La mystérieuse emblématique de Jésus-Christ. Cet ouvrage est colossal, d'une richesse incomparable c'est bien plus une encyclopédie des bestiaires, balayant toutes les civilisations qui nous est proposé.
La préface dithyrambique de l'éditeur n'est nullement exagérée. On y trouve les thèmes allégoriques antiques tels ceux développés par Pline, et autres auteurs réputés. La Grèce, l'Egypte, l'Orient mystérieux s'y trouvent convoqués pour une revue d'ensemble, montrant la richesse que l'esprit humain accordait aux symboles et légendes.
Le tout est une sorte de synthèse, de tour d'horizon des anciennes visions du monde animal, comme témoignant de l'universalité des images du monde des vivants, des chimères, des monstres et des animaux fabuleux. Pour Charbonneau-Lassay, ces animaux sont le prétexte d'un discours extraordinaire sur la Création et sur la communauté des esprits. Du lion à la grenouille, des sirènes aux stryges, du bœuf Apis à l'âne Aliboron, du murex à la baleine, défile sous nos yeux un zoo revisité par une intelligence exceptionnelle.
Si le Moyen Age chrétien fit en emploi immodéré des animaux porteurs de la puissance christique, préfigurateurs du Sauveur, y ajoutant un bestiaire maléfique par une opposition manichéenne, Charbonneau-Lassay transcende le tout dans une véritable apothéose du symbolisme animal, plongeant ses racines dans les civilisations passées.
Bien loin des abondants dictionnaires de symbolisme, Le Bestiaire du Christ est une œuvre exceptionnelle. Historiens, curieux, étudiants, hommes et femmes d'Eglise, écrivains, zoologistes, tous peuvent y trouver plus que leur compte. Ouvrage de fond, à compulser selon ses envies.
Quant aux gravures de l'auteur, elles méritent plus qu'un simple regard. Elles résument chez l'auteur des siècles de représentations. Un seul regret : Charbonneau-Lassay avait également écrit un floraire du Christ ainsi qu'un lapidaire du Christ, tous deux illustrés de gravures de l'auteur. Ces deux manuscrits en attente d'édition disparurent dans l'incendie de la maison d'un homme qui lui les avait dérobés. Perte irréparable dont on peut mesurer l'immense intérêt à la lueur de la lecture du Bestiaire du Christ.
Enfin, j'ajoute que Charbonneau-Lassay disait avoir été aidé dans son travail par un groupe remontant au Moyen Âge, se nommant L'Estoile Internelle. De quoi aiguiser ma curiosité, et celle de tout lecteur.
Dire que je recommande cet ouvrage est un euphémisme !