MAITRES ET DISCIPLES
Contribution La Griffe Parisienne
Rubrique Méthaphysique
Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲▲
Facilité de lecture ▲▲▲▲△
Rapport avec le rite ▲▲▲△△
Rangez les fouets, les menottes, les gadgets, les combinaisons latex. Gardez les bandeaux, ils seront utiles pour les profanes qui frappent à la porte. Oubliez histoire d’O et 50 nuances de gris : ce n’est pas l’objet de ce livre.
George Steiner, 1929/2020 est un linguiste, écrivain et philosophe franco-américano-britannique, spécialiste de littérature comparée et de traduction.
Il est né avec un bras droit atrophié et n’aurait pas pu être franc-maçon !
En 1940 son père emmena sa famille aux USA. Les condisciples juifs de la classe de Georges furent tués ; il demeurera un survivant. « Ma vie entière a été hantée par la mort, le souvenir de la shoah » Il eut cependant une relation paradoxale, lui d’origine juive, avec Lucien Rebatet, et avec Pierre Boutang épigone de Maurras.
Il interroge : pourquoi enseigner ? que transmettre ? quels rapports entre Maître et disciple ?
Rapports de savoir, rapports d’amour, rapports de domination. Le Maître est-il Jésus ou le Marquis de Sade ? La transmission du savoir est le voile de la sexualité ou pour le moins de l’érotisme : rapport malsain d’Anna Arendt et de Heidegger, du film portier de nuit ou plus érotisant du disciple aimant de la Cène.
Rapport de domination douce : les élus dignes de recevoir l’enseignement du Maître que l’on retrouve dans les degrés d’élection des sociétés initiatiques. Domination insidieuse, progressive, comme Wagner (l’étudiant serviteur) dans le Faust de Goethe. Domination destructrice comme celle de Heidegger vis-à-vis de Husserl.
Maîtres et Disciples c’est la recherche de l’initiation : initiation entendue comme un acte transcendant, par la vertu de l’exemple et par l’enseignement même muet ; tous les apprentis se reconnaîtront. Attention à la transmission de la tradition, tradition est proche de traduction et traduction n’est pas loin de trahison, comme les trois mauvais compagnons.
Salomon lui-même trahit.
Les disciples sont toujours à la recherche d’un Maître : comme ceux, sadiques, du film Salo de Pasolini. Mais, en général, les disciples sont masochistes ; ils cherchent leur Sade. Ils aiment être charmés séduits chassés détruits.
Alors, que transmettre sinon un éveil, une aurore de l’intelligence ?