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Contribution La Griffe Côte d’Azur - Corse

Rubrique Méthaphysique

Intérêt général de l’ouvrage ▲▲▲▲▲

Facilité de lecture ▲▲▲▲▲

Rapport avec le rite ▲▲▲△△

Bien sûr, mieux vaut lire un philosophe plutôt que des commentaires toujours plus ou moins orientés, lesquels, pour se démarquer, en viennent parfois à se commenter les uns les autres au risque d’oublier le philosophe qu’ils sont censés commenter.

Jean Starobinski, éminent professeur d’histoire des idées, évite ce piège. Fidèle à la volonté de Montaigne de se dépeindre tel qu’il est, il suit pas à pas les mouvements de sa pensée. Sans prendre parti, il suit ses étonnements, ses indignations et ses hésitations jusqu’à ses faiblesses, d’où cet ouvrage à la fois passionnant et émouvant. Car, n’en déplaise aux amateurs de pensées cadenassées, Montaigne ne pontifie jamais. Il ne produit aucun dogme, aucun système, ni même un concept. Sans préjugé, il tente, au travers de ses lectures, de ses voyages, de ses rencontres et de ses expériences, d’arracher tous les masques afin de découvrir le vrai visage de « l’humaine condition ».

Dialoguant sa vie durant avec les philosophes de l’Antiquité, Montaigne réfute l’idée que philosopher, c’est apprendre à mourir : « Nous troublons la vie par le soin de la mort, et la mort par le soin de la vie. » Or « nous n’avons aucune communication à l’être », l’accès à la vérité nous est définitivement refusé par nos limites charnelles. Si bien que vivre notre condition d’homme requiert avant tout d’approfondir notre relation à autrui en nous interrogeant plus particulièrement sur la nature de l’amitié et de l’amour. Mais toujours au présent : « Notre grand et glorieux chef d’œuvre, c’est vivre à propos ».

S’ajoute à cela le plaisir de lire Montaigne, philosophe certainement, mais poète tout autant, car c’était, dit-il, « l’originel langage des dieux ». Ce qui, sans doute, nous rend sa parole si proche.

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