Contribution La Griffe Lorraine

Rubrique Métaphysique

Intérêt général de l’ouvrage ▲△△△△

Facilité de lecture ▲▲▲△△

Rapport avec le rite ▲△△△△

Je suis un lecteur attentionné de Jollien depuis sa toute première publication. C’est le contraste du handicapé lourd : écorché, effrayé, confronté au penseur de la joie teintée de zen et de spiritualités diverses, qui stimule et éclaire.

Mais, philosophe, Suisse, vedette et handicapé, ça fait beaucoup pour un petit homme. Le rire et la franchise parvenaient à sauver les maladresses d’Alexandre qui est plus un compilateur d’idées, de citations qu’un philosophe « inventif ».

Dans ce dernier ouvrage, qui aurait pu être un journal comme le « philosophe nu » (son meilleur livre à mon sens), Jollien accumule des morceaux de textes très courts, pas de prose ou très peu, juste des collages de mots, quelquefois sans verbes, parsemés de langage familier dont on ne perçoit pas l’utilité. Il semble qu’il aurait dicté ses textes au travers d’une application.

Le tout est fourré dans des « sacs » thématiques difficiles à suivre, incompréhensibles et accompagnés de très (trop) nombreuses citations. En bref, la forme aspire à être originale, mais c’est incroyablement médiocre.

En ce qui concerne le fond : Le résultat est pittoresque, fatiguant, on a l’impression de participer à la séance de psychothérapie d’un bonhomme atteint de colique verbale. Non seulement il y a peu d’idées, beaucoup de citation et d’extraits d’autres œuvres, de penseurs, de religieux, mais le leitmotiv du chemin vers la joie et de l’autoflagellation permanente, c’est usant. Ça se veut sincère, brut, franc et intelligent et ça finit par les vagues idées d’un bouddhiste de comptoir qui en profite pour faire son coming-out au milieu d’un ramassis de vague à l’âme nauséeux et soporifique.

L’humour n’est pas là et c’était le moteur d’Alexandre, le registre du handicap, de l’envie, de la peur, de la mort, tout est encore là, mais je pense qu’il a dit tout ce qu’il avait à dire.

On sent qu’il veut faire du nouveau, de l’inédit, de l’original, c’est difficile à supporter, car il mérite l’admiration, l’empathie et le respect, mais aussi la franchise d’un lecteur qui l’admire. Cela m’est difficile de l’écrire, mais c’est mauvais, très mauvais.

Il y a vingt-cinq ans, il fait paraître son premier livre : Éloge de la faiblesse, si ça avait été celui-là, il n’aurait jamais été publié.

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